Le Nazi et le Psychiatre by El-Hai Jack

Auteur:El-Hai, Jack [El-Hai, Jack]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire, Nazisme, Psychiatrie
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

CHAPITRE 7

Le palais de justice

L

e procès approche. Les dignitaires nazis ont tous engagé des avocats et préparent leur défense. Les avocats allemands « sont légalement et politiquement respectés », admet le colonel Andrus, mais leurs visites en prison renforcent considérablement les contacts des prisonniers avec le monde extérieur, et donc les risques de fraudes. Les suicides de Conti et de Ley hantent le commandant qui a mis en place de nouvelles mesures destinées à renforcer la sécurité de la prison et fait confisquer tous les objets (lacets, lames de rasoir, cravates) qui pourraient servir à un suicide. Même les lunettes sont retirées la nuit. Chaque fois qu’un prisonnier et son avocat échangent un document, un garde en vérifie la teneur. Les détenus sont fouillés à chaque retour dans leur cellule ou quand ils prennent un bain, et les cellules inspectées de fond en comble en leur absence. « Et nous trouvons quand même des objets passés en fraude ! » se lamente Andrus. Ainsi une fouille de la cellule du général Jodl met-elle au jour un clou dissimulé dans une blague à tabac, un morceau de fil de fer d’une vingtaine de centimètres de longueur, neuf comprimés au contenu mystérieux et quelques bouts de chiffon. Keitel a accumulé une réserve d’aspirine, une plaque métallique, une poignée de comprimés de belladone (pour traiter les problèmes digestifs), une vis, deux autres clous et il cachait dans sa sacoche une pièce de métal provenant d’une talonnette. Interrogé sur l’origine de ce dernier objet, qui ne vient pas de sa propre chaussure, Keitel se contentera de répondre avec une certaine insolence : « Je l’ai avec moi depuis longtemps. »

Dans la cellule en désordre de Ribbentrop, les gardes découvrent neuf cachets non marqués (dont quatre cachés dans une chaussette) et un morceau de métal aiguisé de cinq centimètres de long. Même le spirituel Dönitz possède sa petite collection personnelle : des lacets, un bout de ficelle, une vis et une épingle à cheveux. « Nous n’avions pas la moindre idée de ce qu’il projetait de faire avec tout ça », note Andrus. Schacht dispose d’une réserve secrète de trombones, Sauckel a dissimulé une cuillère cassée. Dans les cellules, les gardes retrouvent aussi des morceaux de verre brisés, des clous descellés et un fragment de lame de rasoir. Seules les cellules de Göring et de Hess ne ren ferment rien de compromettant.

Les mesures de sécurité sont également renforcées dans l’ensemble du Palais de justice. Une employée allemande de la bibliothèque du Palais, la jeune nièce du maréchal Erwin Rommel, a mis en garde contre la possibilité d’attentats fomentés par des werewolf nazis prêts à tout pour empêcher la tenue du procès. Ils seraient tentés de faire exploser le bâtiment pour anéantir prisonniers, procureurs, juges, dossiers, etc. « Il y a tant de choses qu’ils ne veulent pas voir exposées, et ils éprouvent tant de rancœur… », explique la jeune femme. Les autorités alliées, elles aussi, ont eu vent de rumeurs similaires. Cinq chars équipés de canons de soixante-quinze millimètres sont déployés ostensiblement devant le bâtiment.

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